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Diversity in the Spotlight - Paola Craveiro de Medfem Collective

 
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💖 The Allyance est votre expert diversité, inclusion et recrutement dans le domaine de la tech.

Depuis 2004, une semaine de prévention dédiée à l’endométriose se déroule en Europe au mois de mars. Cette maladie touche 10% de femmes en âge de procréer en France. The Allyance souhaite mettre en lumière ce sujet au sein des entreprises via un entretien avec Paola Craveiro, fondatrice de Medfem Collective. A cette occasion, Léa Chemardin nous parle de son parcours afin de mieux appréhender l’importance de l’endométriose.

“En janvier 2018, après plusieurs années d’errance médicale, le diagnostic est tombé : j’ai de l’endométriose (et de l’adénomyose, car une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule !). Si cela m’a permis de me soulager, de comprendre et légitimer les douleurs ressenties depuis mes premières règles, le chemin n’est pas facile depuis 3 ans. En effet, il est délicat d’obtenir un diagnostic sur cette maladie pourtant chronique, invalidante et aux symptômes aléatoires. Pourtant très bavarde sur le sujet dans la sphère personnelle, je n’ai jamais osé en parler à ma hiérarchie au travail. Ma peur ? Imposer une réalité à laquelle l’autre ne souhaite pas être confronté.e, à tort ou à raison.

➡️ Alors, comment en parler, et à qui ? Quelles possibilités s’offrent à moi les jours où je suis quasi incapable de travailler, de me concentrer ou de sortir du lit ? Tous ces questionnements ont engendré en moi une grande incompréhension teintée de colère : la santé des corps dits féminins n’est pas prise en compte dans le milieu professionnel. Les employeurs ne sont incités ni à en parler, ni à agir pour faciliter la vie de leurs employé.es. Le corps médical est souvent très mal formé. Et cela me pèse, comme cela pèse à des millions d’autres personnes qui souhaiteraient faire entendre leur voix.

J’ai interviewé Paola, qui, avec MedFem Collective, s’intéresse tout particulièrement à ces sujets depuis maintenant plus d’un an. Avec elle, nous avons parlé des maladies des corps dits féminins, mais aussi de parcours de fertilité, du monde de travail, et surtout des négligences systémiques envers le corps dit féminin et ses souffrances. MedFem Collective mérite d’être connu pour faire avancer les mentalités.”

🔗 IN THE SPOTLIGHT N°1 - PAOLA CRAVEIRO

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  • Bonjour Paola ! Alors, qui es-tu ? Dis-nous tout !

✅ Je m’appelle Paola Craveiro et puisque le travail est une grande partie de ma vie, je me dois d’en parler : depuis 4 ans, je suis consultante en innovation chez Possible Future, une entreprise qui accompagne de grands groupes dans la création de nouveaux services. Concernant ce qui nous intéresse aujourd’hui, je suis féministe et je travaille sur les sujets autour de la santé des femmes, ou plutôt des personnes à vulves, ou encore corps XX.

Quant à ma vie personnelle, je fais de la boxe 🥊 et il m’arrive de regarder Gossip Girl 🎬 avec un certain plaisir coupable…

Depuis quelque temps déjà, je m’intéresse aux FemTech (pour Female Technologies : logiciels, outils de diagnostic, produits et services qui se concentrent sur la santé des femmes).

J’ai d’abord créé le compte Instagram Ovaires Out, dans le but de partager les résultats d’une étude de 500 répondantes sur la fertilité, la contraception et l’envie d’être mère. Cette initiative m’a permis de réaliser le climat de violence, physique et morale, qui entoure le suivi médical du corps des femmes : errance médicale, négligence, sous-représentation et méconnaissance des corps XX, scandales sanitaires… Et cela m’a donné envie de défricher tous ces sujets, de déconstruire le milieu médical et la façon qu’il a de nous traiter.

J’ai donc créé l’association MedFem Collective le 6 février 2020, qui a vocation à parler plus ouvertement des sujets en lien avec les corps XX, et donc lever le voile sur les tabous associés à la physiologie de ces corps. Si nous avons commencé comme un média d’information, nous nous dirigeons désormais davantage vers la création d’outils permettant aux femmes de s’émanciper du milieu médical pour reprendre une part de pouvoir.

✔️ Pour l’instant, l’objectif est de continuer à faire de l’information, partager et parler de sujets tabous, donner la parole à celles qui ont vécu des mésaventures médicales, tant que pour les libérer que pour aider les autres. En effet, chaque jour, je réponds à de nombreux messages : qui consulter, comment avancer dans un parcours médical, comment parler à son médecin… Bien sûr, n’étant pas une professionnelle de santé, je ne donne jamais de conseil médical. En revanche, je tente au mieux d’orienter ces personnes. Depuis peu, l’équipe de Medfem Collective le volet “outils” avec le “Carnet Maux de Vulve” ⤵️ que les personnes qui ont des soucis vulvaires peuvent remplir pour faire un suivi.

Le carnet “Maux de Vulve” est disponible sur le site de Medfem Collective ici

Le carnet “Maux de Vulve” est disponible sur le site de Medfem Collective ici

  • En général, que penses-tu de la prise en charge des sujets de santé dits “féminins” en entreprise ? 

👀 Ils sont invisibles ! Peu de gens ont connaissance de ce que peuvent vivre les femmes au travail. J’observe un manque d’infrastructure permettant de faire remonter et de gérer ce genre de problèmes… il n'existe aucune procédure, et nous n'avons que très peu d'exemples d'entreprises qui mettent en place des choses pour la prise en charge de ces problématiques. La seule reconnaissance possible à ce jour, c’est la RQTH (Reconnaissance en tant que travailleur.se handicapé.e), mais vu que la plupart de ces maladies ne sont pas reconnues comme handicapantes, il n’est pas si simple de l’obtenir…

Le meilleur exemple, c’est la ménopause : ce n’est pas un simple état, mais bien l’une des transitions hormonales les plus impactantes dans la vie d’un corps XX. Pourtant, il est extrêmement tabou d’en parler, et donc difficile de soulager les concerné.es en entreprise. 

  • Quelles pistes d’amélioration proposerais-tu pour briser les tabous liés à cette maladie chronique, parfois très invalidante au niveau professionnel ? Congé menstruel, RQTH, mise à disposition de protections menstruelles…?

📢 Je commencerais par dire que bien qu’on puisse être effrayé.e de porter le sujet, il reste important que des personnes concerné.es les fassent remonter pour les porter à l’attention des ressources humaines, du CSE, d’un.e manager de confiance ou de la médecine du travail… Malheureusement, l’entreprise ne s’en préoccupera pas si elle n’a pas l’impression qu’elle doit le faire.

🔦 Heureusement, il existe plusieurs associations de sensibilisation en entreprise, mais aussi des influenceur.euse.s, que les services RH pourraient faire intervenir. Aujourd’hui, on voit toujours le handicap par le prisme de la chaise roulante, alors qu’il englobe beaucoup d’autres choses ! Il existe de nombreuses situations personnelles susceptibles d’handicaper au quotidien.

🔴 Le mouvement doit forcément venir des personnes qui savent, pour ensuite légitimer leur pathologie auprès des instances publiques. Le congé menstruel est un sujet, qui revient parfois sur la scène gouvernementale au fil des tendances… Je suis mitigée concernant sa mise en place. En effet, il focalise l’attention sur les règles alors que d’autres pathologies  (syndrome prémenstruel, migraines…) pourraient nécessiter un congé spécifique, en plus de stigmatiser et dramatiser les règles, qui ne sont pas douloureuses ou handicapantes pour tous.tes. Pourquoi pas penser à un “congé hormonal” qui engloberait plusieurs pathologies?… Mais cela nécessiterait un gros travail de recherche, que tout le monde n’est pas prêt à mener. L’autre question posée par ce genre de congé, c’est sa spécificité : pourquoi ne pas tout simplement sensibiliser le corps médical à l’acceptation d’un congé maladie pour ce genre de pathologies ?

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  • Aux Etats-Unis, les entreprises proposent d’accompagner leurs salarié.es dans leur parcours de fertilité. Imagines-tu que cela soit possible en France?

🔺 Au niveau public, il est clair qu’il faut avancer. Le recul de la loi bioéthique est anormal : en refusant la congélation d’ovocytes et en maintenant une discrimination dans l’accès de tous.tes à la PMA, on force les femmes à se mettre dans des situations illégales alors qu’elles devraient pouvoir disposer de leur corps !

🔊 Pour revenir à ta question, je suis sceptique quant aux dispositifs de fertilité mis en place par des entreprises telles que Google et Facebook, par exemple. Ils incitent à repousser le moment de la grossesse et ne changent donc pas le problème de base, à savoir la discrimination à l’embauche des femmes entre 30 et 35 ans. Faire un enfant ne devrait jamais affecter la carrière d’une femme ! Ce qui me paraît en revanche plus juste, et en fait tout à fait normal, c’est de faciliter les parcours de PMA en aménageant les horaires des concerné.es. C’est un sujet d’entreprise ! Les pouvoirs publics doivent également s’en saisir pour que cela ne dépende pas uniquement de décisions individuelles de certaines entreprises et protéger toutes les personnes qui se lancent dans un parcours de fertilité.

  • Comment faire comprendre aux entreprises qu’à l’instar des politiques de diversité et inclusion dans le recrutement, ces dernières gagneraient à considérer voire intégrer la santé dite féminine dans leurs politiques ?

📊 Bien souvent, ce sont les approches chiffrées qui parlent aux entreprises et à leur direction… Il faudrait pouvoir quantifier le gain de productivité que cela représenterait de s’occuper de ces sujets de manière préventive. Par exemple, il est possible de trouver des ressources concernant les affections “médiatisées” telles que l’endométriose, la ménopause… Au contraire, l’adénomyose, malgré sa proximité avec l’endométriose, est beaucoup moins connue, tout comme les multitudes de problèmes hormonaux, de thyroïde… Ces pathologies n’étant pas étudiées au niveau médical, il va falloir attendre pour qu’elles le soient dans le cadre du milieu professionnel !

Il faut faire du lobbying, en parler si on a la force : c’est comme ça que l’on fera avancer les choses. Sur le plan humain, une entreprise a tout à gagner à écouter ses salarié.es, qui se sentiront valorisé.es et seront plus productif.ves. En plus, en termes de marque employeur, c’est une belle opportunité de marquer des points, sortir du lot et influencer d’autres, un peu comme les sujets de diversité et inclusion.

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  • Souhaiterais-tu inclure ces thématiques de vie professionnelles à MedFem Collective à l’avenir, pour accompagner les femmes et leur montrer qu’elles ne sont pas seules ?

👉 Figure-toi que cet entretien m’a donné des idées ! Plus tôt, on parlait de sensibilisation, et même si je ne connais pas tous les sujets, je me sentirais capable de faire 1 heure d’atelier dans une entreprise pour parler de ces sujets. Si je l’ai beaucoup évoquée, la responsabilité personnelle ne peut pas être le seul vecteur. Il faut prendre le problème par les deux bouts : encourager les personnes pour les légitimer tout en donnant des billes aux entreprises. 

😚 Tout simplement car Caroline est ma meilleure amie depuis maintenant 13 ans. J’ai donc bien évidemment suivi son parcours de création d’entreprise de très près. 

  • Recommanderais-tu à d’autres structures de travailler avec The Allyance ?

🤩 Complètement ! Je recommanderais à mon entreprise de travailler avec The Allyance (rires). Je suis convaincue de l’apport de The Allyance au monde de l’entreprise et suis en accord avec tous les sujets pour lesquels Caroline se bat. Elle possède une réelle expertise, tout en ayant conscience de l’importance du retour économique de ces politiques de diversité. 

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AUTRICE

✒️ “Je m’appelle Léa Chemardin. J’ai rejoint The Allyance dès sa création, un an et demi après ma rencontre avec Caroline, au concert de ionnalee ! Je suis traductrice et rédactrice de contenu freelance, surtout en langues française et anglaise, mais aussi en espagnol et allemand, que je parle couramment. Il se trouve que j’exerce également les fonctions d’employée administrative dans le secteur de la santé et de la science des données, finalement non loin du sujet de prédilection de Caroline. Du côté militant, j’ai de nombreuses occupations bénévoles dans des associations traitant de thématiques sociales et environnementales, au sein desquelles j’essaie toujours de mettre l’intersectionnalité et la convergence des luttes au centre, car je suis persuadée que toutes les causes sont interconnectées.”