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Why they LOVE it

“Thank you for this useful work. Reading your newsletter helps me better understand diversity and inclusion challenges. So important as a CEO!”

Héloïse, CEO

“The Allyance newsletter is awe-inspiring. It’s the first time I really want to read one!”

Arthur, TA Manager

 

 

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Afrogameuses, une association féministe et intersectionnelle

 
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💖 The Allyance est votre expert diversité, inclusion et recrutement dans le domaine de la tech.

🎉 En mai dernier, The Allyance a réalisé des sessions de coaching professionnel gratuites auprès de membres de l’association Afrogameuses. En tant qu’expert en diversité et inclusion, The Allyance a à cœur d’adopter une démarche intersectionnelle dans ses actions.

Profondément convaincu.es de la nécessité de mettre en place des politiques anti-racistes au sein des entreprises, nous mettons aujourd’hui en lumière la fondatrice d’Afrogameuses.

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Bonjour Jennifer, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Jennifer Lufau : Je m’appelle Jennifer, j’ai 27 ans et je suis née au Togo. Jusqu’à l’âge de 7 ans, j’ai vécu au Bénin, puis je suis arrivée en France où j’ai grandi. Aujourd’hui, je suis consultante en digital pour les entreprises et je gère l’association Afrogameuses

J’ai commencé à jouer aux jeux vidéos au Bénin, dans un cybercafé en rentrant de l’école. L’endroit m’avait beaucoup intriguée, j’y ai donc passé des heures à jouer au tout premier Prince of Persia sur PC. Ensuite, j’ai continué à jouer aux jeux vidéos avec mon frère, mes cousin.es. Quand on est arrivés en France, j’ai dû attendre 14-15 ans pour avoir un ordinateur familial, puis j’ai commencé à suivre différentes communautés de gameuses, à jouer et développer des liens et des relations avec des gameur.ses. 

🚨 J’ai donc une longue expérience en tant que joueuse, mais aussi en tant que femme et surtout de femme noire dans cet univers. Je suis tellement passionnée par les jeux vidéos que j’ai tenté d’embarquer tout mon entourage, qui m’a toujours fait comprendre que j’étais une anomalie, que j’avais une sorte de “double vie”.

Peux-tu nous présenter l’association Afrogameuses ?

Afrogameuses est une communauté inclusive, ouverte à tous.tes, et surtout à portée internationale, car beaucoup de nos membres sont issues de la francophonie : Belgique, Canada… 

L’association est née de mon expérience de joueuse, mais aussi de l’échange que j’ai pu avoir avec d’autres. Nous nous sentions seules en tant que femmes noires dans le monde du jeu vidéo : nous n’avions aucun role model et souhaitions retrouver plus de gens qui nous ressemblaient pour cesser de nous sentir comme des anomalies. Il m’arrive encore, quand je joue, de ne pas m’exprimer sur qui je suis de peur de choquer car je suis une femme noire qui joue. En effet, j’ai déjà subi des remarques déplacées par rapport à mon genre et à mon identité de personne noire. Le but d’Afrogameuses, c’est de faire valoir ces profils de gameuses auxquels on ne pense pas. Pourtant, elles sont bien présentes et il faut arrêter de les cantonner à des stéréotypes ! 

En somme, l’association œuvre pour une meilleure représentation des minorités racisées (mais pas seulement) dans le monde du jeu vidéo, avec 4 axes de travail. 

1️⃣ Le premier consiste à mettre en valeur des role models dans le streaming, sur Twitch, Twitter, Instagram, etc. 

2️⃣ Le deuxième, c’est d’informer et d’encourager une meilleure insertion professionnelle dans le monde du jeu vidéo, pour permettre un meilleur travail de représentation dans les jeux. Pour cela, on organise des masterclass mensuelles avec des professionnelles qui viennent parler de leur expérience, mais aussi bientôt du coaching avec Caroline ! 

3️⃣ Le troisième axe de travail d’Afrogameuses, c’est la lutte contre une certaine toxicité : en tant que femmes noires, on subit un fort harcèlement dû à l’intersectionnalité de notre identité: nous sommes femmes et noires. Malgré ce que l’on dit, l’aspect virtuel du jeu vidéo n’empêche pas que la discrimination soit bien là et réelle. 

4️⃣ Enfin, notre dernier axe de travail est bien sûr la sensibilisation et l’accompagnement des acteurs de l’industrie du jeu vidéo sur les thématiques de D&I (Diversity & Inclusion).

Depuis quand existe l’association ? Qu’est-ce qui la rend unique ?

👉🏼 Tout a commencé avec une interview de quatre jeunes femmes sur mon blog, qui m’a donné envie de créer le compte Instagram Afrogameuses en juillet 2020. En voyant l’ampleur qu’a pris ce compte, on a compris que l’on pouvait peut-être changer les choses à notre échelle et rendre le monde du jeu vidéo plus bienveillant pour les joueuses noires entre autres -! En octobre 2020, on a donc créé l’association, qui compte déjà 200 membres et 6 personnes dans son bureau (dont moi-même)

Il existe déjà des associations qui œuvrent pour la diversité dans le jeu vidéo (Women in Games, Cap Game, Handigamer…), mais Afrogameuses vient vraiment compléter cet écosystème dans son aspect ethnique, indispensable lorsque l’on parle de diversité. 

Pour les personnes racisées, c’est un fait : il y a des lacunes dans le monde du gaming, mais aucune action n’a été entreprise pour intégrer les minorités ethniques dans cet univers. On en est encore aux balbutiements, mais le fait que ce mouvement soit initié par des femmes noires en dit long...

Photo d’un meetup https://www.linkedin.com/company/afrogameuses

Photo d’un meetup Afrogameuses

Si une gameuse nous lit, pourquoi lui conseillerais-tu de rejoindre Afrogameuses ?

▶️ La première chose que l’on peut trouver chez Afrogameuses, c’est la compagnie d’autres joueuses, et c’est le plus important. On peut se retrouver dans un espace safe et bienveillant pour toutes, partager son expérience et découvrir des créatrices de contenu que l’on ne connaissait pas avant. C’est une véritable opportunité de se sentir moins seule dans ce monde très blanc et masculin qu’est celui du jeu vidéo. Notre volonté est réellement de faire changer les choses, pas en allant quémander d’intégrer les personnes racisées dans le milieu, mais en les aidant directement à s’imposer.

La première fois qu’on a parlé avec toi, ta démarche anti-raciste et anti-sexiste nous a marqué. Pourquoi est-elle importante dans la tech et plus spécifiquement dans l’univers des jeux vidéo ?

Simplement car la tech et le jeu vidéo sont des mondes essentiellement blancs, masculins et hétéros. Si l’on veut voir une meilleure représentation des personnes minorisées dans cet univers, on doit absolument créer des role models qui vont pouvoir se projeter dans ces milieux-là. L’objectif est de dégenrer ces univers, de montrer aux femmes issues de minorités qu’elles sont légitimes à entrer dans ces secteurs. 

✅ D’ailleurs, on sait que les thématiques D&I sont de véritables apports pour les entreprises, donc pourquoi ne pas les développer davantage ? Les entreprises auraient tout à gagner à se défaire des biais dans la création de jeux vidéo et de technologies. Pour parler du monde du jeu vidéo en particulier, la “bro culture” et le 18-25 font beaucoup de mal avec leur humour oppressif. On le ressent souvent et en tant que femme noire, il peut être difficile de vouloir perdurer dans le monde du jeu vidéo quand on voit son reflet en permanence. 

❎ Pour raconter une anecdote, je me suis récemment retrouvée à streamer pour un événement caritatif visant à récolter des fonds pour la construction d’un orphelinat au Togo. Tous les streameurs avaient entre 18 et 25 ans et faisaient tous des blagues limites, même dans le cadre d’un tel événement… J’ai fini par faire la daronne (rires) en pointant leurs incohérences. Cela m’a confirmé qu’une sensibilisation est plus que nécessaire.

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Quelles sont les situations que rencontrent vos membres quand elles cherchent un travail et travaillent dans une entreprise de gaming ?

⚠️ Selon les témoignages que j'ai recueillis, les femmes noires sont confrontées à l’élitisme du monde professionnel du jeu vidéo.

Tout le monde ne peut pas rentrer dans le milieu, et c’est notamment dû à la non-mixité et la difficile accessibilité (surtout financière) des écoles de jeux vidéo. Tout cela fait qu’être une femme noire dans ce secteur d’activité est un véritable parcours du combattant. Quand les personnes font des formations, elles ne sont pas sûres d’être embauchées…

Et une fois embauchées, les femmes noires ne sont pas toujours à l’aise avec la culture d’entreprise : peu de bienveillance, blagues limite, impunité du virtuel, et j’en passe. Bien sûr, la part des personnes racisées qui sont en poste est en train de changer, mais il faut des personnes en position de leadership si l’on veut faire changer les choses.

Nous accompagnons souvent des personnes afrodescendantes. Nous aimerions pouvoir recommander des associations similaires à Afrogameuses, des recommandations ?

🔗 Je n’en connais pas beaucoup, mais je sais qu’il en existe ! Je peux mentionner Afrofem qui est assez généraliste, ou encore le festival Akwaaba. Diveka pour la diversité dans le monde de l’édition, mais aussi le média Reines des Temps Modernes et leurs événements FanMTech qui met régulièrement en avant une femme noire dans la Tech.

Comment une entreprise peut-elle vous soutenir ?

📌 Cela dépendra de quel type d’entreprise il s’agit. Les studios de jeu vidéo, par exemple, peuvent nous contacter quand ils veulent organiser des événements, des moments d’échange et des discussions visant à sensibiliser leurs employés aux biais dans la création de jeux vidéos.

Sinon, nous sommes toujours à la recherche de sponsors pour nos événements en ligne, ou de partenaires pour plus d’inclusion des minorités. Évidemment, il est possible de réaliser des dons pour l’association, notamment sur notre site.

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Quel est ton personnage de jeux vidéo préféré ? Pourquoi ?

🤣 Il faut vraiment que je choisisse ? (rires) Alors je crois que ce serait Senna de League of Legends, jeu auquel j’ai énormément joué. Créée en 2018 (pour un jeu sorti en 2009…), ce personnage m’a vraiment fait un effet “wow”. J’avais enfin un modèle de représentation authentique, un personnage de femme noire que je pouvais incarner dans mon jeu préféré. J’apprécie beaucoup son attitude, sa conception, le fait qu’une actrice noire fasse sa voix… Enfin un personnage qui me ressemble, avec lequel je me sens représentée des pieds à la tête (et aux cheveux !).

Lors d’un événement, Riot Games [l’éditeur] a invité Keke Palmer pour faire son cosplay. Alors oui, effectivement, elle a été créée avec 10 ans de retard, mais elle a été bien faite. Il faut leur laisser ça !

Tu as un rôle modèle dans le jeu vidéo ? Une streameuse? Une gameuse ?

Je n’ai aucune role model streameuse : sinon, je me serais lancée bien avant dans ce métier ! Mais j’admire beaucoup Muriel Tramis, la conceptrice de jeux vidéo martiniquaise qui a créé Adibou. Elle a même reçu la légion d’honneur pour son travail de pionnière dans les jeux vidéo, en plus d’avoir ouvert la voie à d’autres concepteur.ices. Je n’ai pour le moment jamais eu pour ambition de créer un jeu vidéo, mais si je devais le faire, il est certain que je m’inspirerais de Muriel Tamis!

Comment as-tu connu The Allyance ?

👁‍🗨 À travers une publication Twitter. L’initiative m’a tout de suite plu et comme que je suis très “action-réaction”, j’ai tout lu, tout vu : le site, les articles, les interventions de Caroline… je devais la contacter ! Je ne connaissais pas d’entreprises spécialisées dans la D&I et la tech, et j’étais ravie de voir que The Allyance est dirigé par une femme issue de la tech. Ayant beaucoup travaillé dans la tech après mes études, j’ai trouvé beaucoup de points communs entre Caroline et moi.

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✔️ Vous voulez en savoir plus ?

➡️ Vous pouvez contacter l’équipe de The Allyance via le site internet pour échange avec une des personnes de l’équipe, en bas de page : https://www.theallyance.one/

👏🏾 Afrogameuses organise un événement 100% professionnel le 19 septembre à Paris. Découvrez sur leur site les streameuses et profesionnels de l’association sur leur page EllesFontLeGame.

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AUTRICE

✒️ “Je m’appelle Léa Chemardin. J’ai rejoint The Allyance dès sa création, un an et demi après ma rencontre avec Caroline, au concert de ionnalee ! Je suis traductrice et rédactrice de contenu freelance, surtout en langues française et anglaise, mais aussi en espagnol et allemand, que je parle couramment. Il se trouve que j’exerce également les fonctions d’employée administrative dans le secteur de la santé et de la science des données, finalement non loin du sujet de prédilection de Caroline. Du côté militant, j’ai de nombreuses occupations bénévoles dans des associations traitant de thématiques sociales et environnementales, au sein desquelles j’essaie toujours de mettre l’intersectionnalité et la convergence des luttes au centre, car je suis persuadée que toutes les causes sont interconnectées.”