Maxime Le Bras - Un recruteur qui se remet en question
💖 The Allyance est votre expert diversité, inclusion et recrutement dans le domaine de la tech.
L’implication et la sensibilisation des équipes de recrutement aux enjeux de la diversité sont essentielles pour faire bouger les lignes de la diversité et de l’inclusion au sein des entreprises. Chez Alan, Maxime est un recruteur qui remet en question ses pratiques de recrutement. Rencontrons-le :
———
● Bonjour Maxime! Qui es-tu? Dis-nous tout!
♏️ ♉️ Je suis Maxime Le Bras, j’ai 31 ans, je suis scorpion ascendant taureau 🤭 et depuis décembre 2020, je suis recruteur chez Alan, une start-up qui propose une mutuelle santé en ligne.
Originaire de Bretagne, j’ai fait mes études à Grenoble, en école de commerce. Aujourd’hui, cela fait presque 10 ans que je navigue dans le micro-écosystème parisien de la start-up. Depuis mon poste en tant que premier employé de MonDocteur (racheté par Doctolib), je n’ai jamais quitté le monde de l’entreprenariat.
🍷 Pour parler un peu de ma personnalité, c’est définitivement le grand écart entre scorpion et taureau qui me caractérise : j’aime autant les choses abstraites comme la data, la philosophie, la psychologie… que boire du vin, regarder du foot ou encore un bon gros navet à la télé !
● Quel type de recruteur es-tu?
En voilà, une question existentielle! Au risque de paraître cliché, je suis le recruteur à qui j’aimerais parler si j’étais candidat. J’essaie d’être intègre, de faire attention à l’expérience que je promets aux candidats, pour y coller un maximum. Je suis aussi un recruteur passionné par le business et les équipes, toujours à la recherche d’un profil qui va nous faire gagner quelque chose. Plutôt que de m’arrêter à un simple besoin de recrutement, je m’intéresse aux candidats, au produit, au fonctionnement de l’entreprise… un peu dans la continuité de ce que j’ai pu faire en tant que commercial chez MonDocteur, finalement.
● En tant que recruteur chez Alan, quels sont tes défis au quotidien ?
✅ Le premier défi est assez classique dans les entreprises qui grossissent beaucoup et vite : à ce stade, il faut être attentif aux personnes qui nous rejoignent. Vu qu’il reste encore beaucoup à construire, il est important de garder une approche qualitative, tout en l’associant à une envie d’aller extrêmement vite sur la sélection pour recruter un grand nombre de personnes.
✅ Le deuxième défi, chez Alan, c’est que tout le monde soit impliqué dans le recrutement. C’est comme une sorte d’évangélisation : Qu’est-ce que le recrutement? Quelles sont les bonnes et les mauvaises pratiques, quelle vision souhaite-t-on définir ? Pour donner un exemple concret, en février, nous devions recruter 38 Sales. Dans ce process, 50 Sales déjà en poste chez nous ont fait du sourcing, mené les entretiens et fait le suivi. L’équipe Talent est là pour coordonner, rester attentive aux chiffres et partager sa vision des bonnes pratiques.
● Notre petit doigt nous dit que tu adores partager des ressources avec tes pairs. Comment te mets-tu à jour sur les sujets de recrutement et diversité ?
🎯 En termes de diversité, il n’existe pas beaucoup d’autres ressources que The Allyance et sa superbe newsletter (rires) ! Sinon, je suis abonné à la liste Twitter « Fempire » consacrée au women empowerment. Je suis également abonné à d’autres newsletters, qui restent moins concrètes que les vôtres !
Pour parler de mes inspirations : j’aime beaucoup Jennifer Kim, ancienne Head of People chez Lever, et aujourd’hui consultante D&I et startup coach. Elle s’exprime sur le même ton que The Allyance et aborde la D&I sous un angle très positif, jamais dans le jugement, toujours inclusive, et parfois drôle!
💌 Concernant les points de vue sur le métier, je suis le substack de Kevin Wheeler, la newsletter de Hung Lee ainsi que celle de Nicolas Darcis.
🎧 J’écoute aussi les podcasts Sourcing Challenge Show et Recruiting Future.
Enfin, pour les ressources plus théoriques, je m’informe beaucoup sur l’École du Recrutement… Voilà, ça fera de la lecture et de l’écoute!
● A partir de quand t’es-tu intéressé aux sujets de diversité et d’inclusion?
🚫 Dès que j’ai découvert le recrutement ! La première fois que j’ai été recruteur à 100%, j’ai dit à ma HR Manager « Écoute, je crois que je suis raciste. Je me pose plein de questions sur mon travail, je suis sûre d’être biaisé, je ne donne pas de chance à ce type de CV… ». Cela a été une véritable prise de conscience : je discriminais (bien que ce soit le propre du métier de recruteur).
💚 À l’issue de cette révélation, j’ai voulu me tromper le moins possible. J’ai commencé par m’intéresser aux biais cognitifs, via une formation d’Antoine Lorès dispensée à des managers chez PayPlug, où je travaillais. Évidemment, j’ai lu beaucoup de choses un peu partout, avec tous les sentiments mêlés que cela engendre : j’étais perdu ! Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire pour améliorer les choses ? Ça me semblait un océan… je n’avais vraiment pas pensé à tout, et ça m’a complètement paniqué.
● Au quotidien, comment t’assures-tu d’être un recruteur inclusif ?
📍 Pour être honnête, j’ai encore beaucoup à apprendre. La meilleure façon de parler de mon quotidien, c’est d’évoquer les valeurs partagées chez Alan. La première, c’est qu’au-delà de tous les arguments de performance, d’enrichissement des points de vue, des relations interpersonnelles… on souhaite juste être une entreprise qui ressemble au monde, à la France, à l’Espagne, à la Belgique (pays dans lesquels Alan est présent) car c’est carrément plus cool et sensé, finalement.
📍 La deuxième croyance, c’est de s’attarder sur le moment où l' on peut vraiment influer : notre process est déjà construit de manière à éviter les biais (questions scriptées, évaluation structurée…), ce qui est une bonne chose. En revanche, on a une belle marge de manœuvre sur le sourcing.
C’est pourquoi on a mis en place des “focus sourcing” sur des métiers parfois pénuriques dans une minorité particulière au sein de l’entreprise (par exemple, les femmes ingénieures). Enfin, et le plus important à mes yeux, c’est que l’on n’a pas envie de recruter une femme ingénieure parce qu’elle est une femme. En fait, on veut recruter des ingénieur.es, c’est tout.
⚓️ Dans la même veine, j’ai récemment été très marquée par Clarisse Cremer qui, durant le Vendée Globe a battu le record pour une femme. Questionnée par un journaliste à ce sujet, elle a simplement répondu « je ne suis pas une femme, je suis un marin ! ». C’est exactement ça.
Tout l’enjeu est de ne pas tomber dans la discrimination positive, et c’est un écueil assez facile donc il faut prendre le temps d’y travailler.
● Quels conseils donnerais-tu à une personne qui souhaite s’intéresser à la diversité?
C’est une question très délicate. Déjà, j’aimerais partager mon point de vue philosophique. Je suis mal à l’aise avec la victimisation des minorités, relayée par les discours politiques, qui ne fait qu’évincer toutes les qualités que chacun.e peut avoir. Tout est dans l’énergie et le regard que l’on porte aux choses et aux gens.
🎯 Pour ce qui est de l’apprentissage pur sur ces questions, je conseillerais de se tourner vers les deux personnes qui m’impressionnent le plus : Jennifer Kim (oui, encore elle !) et Deborah Rippol, mais aussi de s’abonner à la newsletter de The Allyance. En clair, je recommande de faire ce que je fais. On peut commencer par les biais cognitifs, car c’est finalement de là que découle tout le reste, avec l’avantage de leur aspect dépolitisé. Ce que tu vois n’est pas réel, mais influencé par l’histoire, l’éducation que tu as reçue, l’environnement dans lequel tu as grandi…
● Te considères-tu comme un allié ?
Malgré mon syndrome de l’imposteur, j’ai envie de dire oui. Mais j’aimerais être plus costaud sur le sujet. Donc oui, j’ai envie d’être un allié, tout en n’ayant, à terme, plus envie de l’être. Tout simplement car j’aimerais que la D&I ne soit plus un sujet : pas de sujet, pas d’allié !
● Nomme une personne que tu admires et dis-nous pourquoi !
⚽️ Bon, je n’arrive décidément pas à me sortir du monde professionnel… Alors je dirais Luis Campos, un grand recruteur dans le foot. Je le trouve inspirant car il arrive à réconcilier la science dans l’analyse et l’intuition. Généralement, je suis touché par l’intelligence des sportifs, qui est complètement dévalorisée par la société. Concernant Luis Campos en particulier, je trouve beau qu’il dédie autant de temps à sourcer des talents pour ses équipes. Il a tout de même fait 1 milliard de plus-value sur des joueurs sélectionnés dans les coins les plus paumés de la planète !
● Parlons musique. Quel est le dernier album qui t’a rendu dingue?
Mais qui écoute encore des albums aujourd’hui 😊? Pas moi, en tout cas. J’ai honte, mais j’écoute beaucoup de musique chantée par des adolescents américains. Ces derniers jours, j’ai écouté Always Do de the The Kid Laroi en boucle. Il est né en 2003, incroyable, non ?
● Comment as-tu entendu parler de The Allyance ?
🥰 Je suis le travail de Caroline depuis un petit moment, sur tous les comptes possibles et imaginables. Je suis très impressionné par le travail qu’elle réalise dans une énergie extrêmement positive (avec par exemple du Madonna dans ses newsletters) ! Dès la 1ère ou 2ème newsletter de The Allyance, j’étais accro. Elle n’est pas en plastique, elle est vivante, tout en n’étant pas dans la lutte permanente, mais plutôt dans l’échange et le partage. Et ça, j’adore !
Recommanderais-tu The Allyance ?
🤩 Pour toutes les raisons que j’ai citées plus haut, 100 fois oui !
———
AUTRICE
✒️ “Je m’appelle Léa Chemardin. J’ai rejoint The Allyance dès sa création, un an et demi après ma rencontre avec Caroline, au concert de ionnalee ! Je suis traductrice et rédactrice de contenu freelance, surtout en langues française et anglaise, mais aussi en espagnol et allemand, que je parle couramment. Il se trouve que j’exerce également les fonctions d’employée administrative dans le secteur de la santé et de la science des données, finalement non loin du sujet de prédilection de Caroline. Du côté militant, j’ai de nombreuses occupations bénévoles dans des associations traitant de thématiques sociales et environnementales, au sein desquelles j’essaie toujours de mettre l’intersectionnalité et la convergence des luttes au centre, car je suis persuadée que toutes les causes sont interconnectées.”